UNE ÉCOLE DE LA CHOSE FREUDIENNE ET DE LA CAUSE LACANIENNE
Une Cause Lacanienne :"Je viens ici avant de lancer ma Cause freudienne. Vous voyez que je tiens à cet adjectif. C’est à vous d’être lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien." (Lacan- 1980-07-12 OUVERTURE DE LA RENCONTRE DE CARACAS)
Je propose pour l'année à venir une École de la Chose Freudienne et de la Cause Lacanienne.
La chose, c'est la chose freudienne, nous dit lacan. Le frayage est lacanien et dans le temps de la cause freudienne tenue par Lacan, (de Causa "observer", "entendre" ," prêter attention à", "préserver"), ce bien avant l'école, elle fut la Chose de lacan. Il s'agit de restituer à Freud sa découverte et d'être Lacanien jusqu'au point où Lacan fut freudien, par un retour nécessaire alors que son nom, tel qu'il avait vu et noté publiquement, a disparu. Il le relève ce 15 mars à Saint Jacques "Maintenant, il y a des débiles qui voudraient effacer mon nom. Je voudrais bien aussi, ça me reposerait. Mais je suis prévenu où ce désir a conduit cet autre débile de marquis de Sade. Il est devenu insubmersible. Et moi aussi, à ce qu’il paraît, puisqu’ils n’arrivent pas à me faire plouf. Pourquoi est-ce qu’ils veulent, comme ça, que mon nom s’efface ? C’est parce qu’ils croient que c’est le signifiant maître, celui à qui j’ai mis, il y a longtemps, l’indice 1. Eh bien, Ils se trompent, ce n’est pas l’un, c’est l’autre."La Cause Freudienne a été fondée par Lacan pour "déjouer la manoeuvre" de la précédente École. Ce sont ses mots dans sa lettre aux membres de l’E.F.P et dans le journal Le Monde du 15.03.1980 : "Qu’on m’en croie, je n’admettrai personne à s’ébattre dans la Cause freudienne, que sérieusement d’écolé"Une Chose Freudienne :"Mais enfin, ce n’est pas dans une physique à venir que je suis là pour vous engager ; nous, notre affaire, c’est de nous apercevoir de ceci qui est frappant dans toute notre expérience historique et qui est essentiel pour nous, c’est ceci : c’est qu’il y a des noms. Et qu’il y ait des noms, il semble bien que ce soit là un fait tout à fait nodal, je veux dire que de mémoire humaine, on ait donné des noms aux choses, ça traîne même dans Freud, c’est bien quand même fait pour nous retenir. Ce n’est pas pour rien, je me souviens, que quand j’ai écrit La Chose Freudienne, autour de moi il y a eu des tas de personnes pour faire la petite bouche : « Pourquoi est-ce qu’il appelle ça comme ça, la chose, c’est dégoûtant, tout ce que nous essayons, c’est justement de nous opposer à la réification » ; moi, je n’ai jamais été de cet avis ; je n’ai jamais pensé que quand il s’est produit une cassure, celle de 53, c’était parce qu’on divergeait sur le fait de réifier ou de ne pas réifier ce dont il s’agissait dans la pratique ; c’était de réifier de la bonne façon. Si j’ai appelé quelque chose la Chose et nommément la Chose Freudienne, c’est évidemment pour indiquer qu’il y a du Freud dans la Chose, dans la Chose qu’il a nommée ; ce qu’il a nommé, c’est l’inconscient, et le terme « freudienne » n’a pas du tout là la fonction d’un prédicat, ce n’est pas une chose qui après coup a la propriété d’être freudienne, il est bien certain que c’est parce que Freud l’a énoncée qu’elle est une chose, et que comme je le suggérais à quelqu’un récemment, parler de l’inconscient comme de ce qui avant Freud n’existait pas, ce n’est pas une si mauvaise façon de s’exprimer pour une bonne raison, c’est qu’après tout une chose n’ex-siste, ne commence à jouer, qu’à partir du moment où elle est bel et bien par quelqu’un nommée. Alors j’essaye, de notre expérience, d’arriver à réduire ce nommable, parce que quand même on peut se permettre comme ça de badigeonner toutes sortes de choses avec des noms, ça s’est toujours fait et ça s’est même fait à tort et à travers, j’essaye de me réduire à ne nommer que ce que j’appelle avec Freud l’Urverdrängt, ce qui se résume en somme à nommer le trou. C’est partir de l’idée du trou, c’est dire non pas « fiat lux » mais « fiat trou », et pensez que Freud, en avançant l’idée de l’inconscient, n’a pas fait plus. Il a dit très tôt qu’il y a quelque chose qui fait trou, que c’est autour que se répartit l’inconscient et que cet inconscient a pour propriété de n’être qu’aspiré par ce trou, tellement bien aspiré qu’on n’a pas l’habitude, c’est bien le cas de le dire, d’en retenir même un petit bout, il fout le camp tout entier dans ce trou. Parler de la Chose Freudienne comme constituée essentiellement par ce trou, ce trou qui a un site, un site dans le symbolique, c’est là dire quelque chose qui tout au moins, je le prouve en tout cas, peut se soutenir un certain temps, et comme ce temps commence à faire une paye et que pendant ce temps il n’y a pas eu beaucoup de contradictions qui portent, je veux dire à ce que j’énonçais, ça commence déjà à au moins se supporter d’avoir duré ce temps-là."
1975-04-13 JOURNEES D’ETUDE DES CARTELS DE L’ÉCOLE FREUDIENNE. SÉANCE DE CLÔTURE
Cartel "L'Éthique de la psychanalyse"
2024 - 2025
"Il y a une éthique de l'analyse.
C'est l'effacement, la mise à l'ombre, le recul,
voire l'absence d'une dimension...
dont il suffit de dire le terme pour s'apercevoir
ce qui nous sépare, qui nous divise de toute
l'articulation éthique avant nous
...c'est l'habitude, la bonne ou la mauvaise habitude.
C'est là quelque chose en soi, à quoi nous nous référons d'autant moins que le registre, l'articulation de l'analyse s'inscrit dans des termes tout différents, dans des termes de trauma, et en des termes de leur persistance.
Sans doute avons-nous appris à atomiser ce trauma, cette impression, cette marque, mais l'essence même de l'inconscient s'inscrit dans un autre registre que celui sur quoi ARISTOTE - dans l'Éthique - lui-même met l'accent d'un jeu de mots :
ἔθος [ éthos ]- ἦθος [ êthos ], c'est-à-dire l'habitude : ἔθος [ éthos ], alors qu'il s'agit de ἦθος [ êthos ] c'est-à-dire d'éthique,
qu'on peut centrer entre les deux mots."
Avec Otto Vasquez, Louis-Marie Tinthoin, Alexandra Arce, Valérie Vie, Robin Braie, plus Un.
Cartel "Le Sinthome"
2023-2024
"Nous aurons à revenir dans le cours de l’année sur ce que c’est que cet infini, nous aurons à reparler de ce qu’une droite : en quoi elle subsiste, en quoi — si on peut dire — elle est parente d’un cercle.
Ce cercle — il faudra assurément que j’y revienne — le cercle a une fonction qui est bien connue de la police : le cercle ça sert à circuler. Et c’est bien en ça que la police a un soutien qui ne date pas d’hier.
Hegel avait très bien vu, quelle en était la fonction, et il l’avait vu sous une forme qui n’est assurément pas celle dont il s’agit, ce qui est en question. Il s’agit pour la police, simplement que « le tournage en rond » se perpétue.
Le fait que nous puissions, dans ce faux trou, faire l’adjonction d’une droite infinie, et qu’à soi seul ceci fasse, de ce faux trou, un trou qui borroméennement subsiste, c’est là le point sur lequel je m’arrête aujourd’hui."
Jacques Lacan
Avec Otto Vasquez, Maira Felix, Louis-Marie Tinthoin, Rudy Goudet Bodart, Valérie Vie, Robin Braie
Cartel Association de la Cause Freudienne - Voie Domitia
2022-2023
La vie des cartels est ponctuée une fois par an par une journée intercartels au cours de laquelle des productions de cartellisants sont présentées. C’est un moment privilégié de transmission de la psychanalyse d’orientation lacanienne. C'est aussi l'occasion de constituer les cartels.
Les cartels peuvent se constituer tout au long de l'année, aussi, si vous souhaitez travailler en cartel (il n'est pas nécessaire d'être membre de l'ECF ou de l'ACF) et que vous n'avez pas pu être présent lors de la journée de constitution des cartels, n'hésitez pas à adresser un mail à l'adresse suivante :
acf.dr-vd-cartels@causefreudienne.org
Avec Ivana Bustos, Jérôme Ruiz, Véronique Bonamy, Valérie Vie - Plus Un : Georges Benfredj
Cartel d'une École impossible de la psychanalyse
2020 - 2021 - 2022
Que recommence ce que Lacan appela « le véritable voyage ».
En 2020, quatre se sont choisis pour initier un Cartel sur le Séminaire VII de Jacques Lacan : l' "Éthique de la psychanalyse".
Pourquoi, en ce qui me concerne, un Cartel hors École institutionnelle, après plusieurs Cartels de l'École de la Cause freudienne?
Nous l'avions "radicalement" appelé "Cartel Sauvage" avant d'en choisir le thème.
Peut-être une envie de faire l'école buissonnière, d'aller voir ailleurs si j'y suis?
Mais l'idée a germé de mon expérience de travail de Cartels de L'École de La Cause freudienne. Petite expérience qui suffit radicalement à orienter mon désir.
Dans ces Cartels de l'ECF, il m'a semblé que la place non comptabilisée, ni reconnue la plupart du temps, de l'École devenue Institution, colmatait quelque chose d'un champ que je souhaitais ouvert.
Une fonction de hors champ faisait défaut.
Un "ek-Art" où artiser.
Cette fonction qui fait que "quoique l’être et le non-être soient la même chose, il faut qu’il y ait un trou qui fasse tenir le tout ensemble, et qu’en somme tout ça se résume à ceci : qu’il n’y a que de la création ; chaque fois que nous avançons un mot, nous faisons surgir du néant ex nihilo une chose, c’est notre sort d’êtres humains, c’est pour ça que nous ne baisons pas, sauf exception, avec une femme de temps à autre, mais que nous baisons avec la Chose".
J'ai donc souhaité revenir à ces mesures, ces dimensions sur lesquelles Lacan insiste au cours de son enseignement, notamment dans le Séminaire RSI (1974 - 1975).
Pour nous en faire sentir l'importance, il n'a de cesse que de nous suggérer un retour à "L'identification" de Freud (et ce n'est pas anodin s'il insiste sur ce point précisément dans les Journées des Cartels de l'École freudienne) :
"L'identification constitue la forme la plus primitive de l'attachement affectif à un objet". (Sigmund Freud -Psychologie des masses et analyse du moi - 1920)
"L'identification n'est donc pas simple imitation, mais appropriation à cause d'une étiologie identique; elle exprime un « tout comme si » et a trait à une communauté qui persiste dans l'inconscient." (Sigmund Freud - L'interprétation des rêves- 1899)
Freud distingue clairement le groupe choisi de la masse formée.
C'est donc un désir d'écart qui m'anime, un écart, tel celui opéré par le Dieu du Temps, Chronos, entre Ouranos et Gaïa. Et qui animera enfin leurs enfants figés tels des pierres. Un écart où peut s’insérer du souffle neuf né du cœur d’expériences et d'expérimentations de quelques Uns, un transfert qui se réalise déjà dans le Cartel, à l’orée de l’acte de la parole : du savoir est supposé, dont l’inconscient rend sujet. "Supposé", la première définition donnée en français est "posé comme vrai". Comme dans les jeux d'enfants : "on dirait qu'on serait". Il faut oser faire semblant pour de vrai. Ce n'est pas chose facile. Et qu'est-ce d'autre qu'une des formes d'identification dont parle Freud?
Alors, nous nous y collons dans une "École impossible de la psychanalyse", le temps d'un Cartel qui fait École en tant qu’évènement. Simplement. Nous nous proposons, nous nous essayons à passer de l’évènement au style du Sujet. Un style peut-être comme l'entend Buffon dans son "Discours sur le Style", qu'il décrit si proche d'un souffle créateur :
"Il n’aura même que du plaisir à écrire…la chaleur naîtra de ce plaisir…tout s’animera de plus en plus…et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit, à ce que l’on va dire."
Et le style, dit Lacan, est "l’homme même à qui on s’adresse". Cela pourrait être une définition de l'Éthique. J'entends la borroméénité de la phrase, l'espace qu'elle ouvre, le mouvement circulatoire qu'elle propose. Une phrase aux coordonnées topologiques "incarnées" : l'homme, le même, le qui. Une fonction : s'adresser que j'entends s'a-dresser avec son "a" suppressif, comme ce que nous indique Lacan d'une autre "direction" qu'un dressage "orthos-logos" du caractère tel que suggéré dans la morale kantienne ou l'éthique aristotélicienne. Il nous l'indique en soulignant l'équivoque étymologique du mot "Éthique" qui navigue entre êthos (le terme vient du grec ancien ἦθος qui signifie "coutume", "mœurs" mais dont la signification s'élargit à "demeure", "lieux familiers", "caractère", "habitudes") et éthos du grec ἔθος, dont la signification se resserre, se réduit à "coutume", "usage" s'écartant de ce qu'il en est d'une "demeure", jusqu'à l'oublier.
Voici un bout de ce qu'il en dit dans l'Éthique de la psychanalyse : "L'établissement de l'êtos, de ce quelque chose qu'Aristote pose comme différenciant l'être vivant de l'être inanimé, inerte, comme il le fait remarquer, aussi longtemps que vous lancerez une pierre en l'air, elle ne prendra pas l'habitude de cette trajectoire, mais l'homme, lui, prend l'habitude, c'est là l'étos, et cet étos, il s'agit de l'obtenir conforme à l'êtos".
Je travaille pour ma part à une Éthique qui se soutient de faire cette distinction pour se maintenir entre les deux origines du termes, dans une tension entre ce qui fait trajectoire chez l'homme et ce qui pourrait faire trajectoire dans la civilisation. Le travail ne fait que commencer, le "véritable voyage" que recommencer, tout n'est "que de la création".
SÉMINAIRE VII DE JACQUES LACAN - 1959 : L'ÉTHIQUE
Cartel 2021 : Sophie Ducq, Éric Aubry, Hector Garcia, Valérie Vie, Yann Merlin - Plus Un : Christian Dubuis Santini
Cartel 2022 : Hector Garcia, Louis Marie Tin, Valérie Vie - Plus Un : Christian Dubuis Santini
Séminaire l'Éthique :
Écrit : http://staferla.free.fr/S7/S7.htm
Audio : https://www.youtube.com/watch?v=6LoFXjf7LLo&list=PLz-AEGLxSZb5H1bbRM9faguawKEr6k--7
Cartel de l'ACF-VD
2020 - 2021
(Association de la Cause Freudienne - Voie Domitienne)
SÉMINAIRE XI DE JACQUES LACAN - 1964 : LES FONDEMENTS DE LA PSYCHANALYSE
Avec Pierre Joyeux, Chérifa Zrari, Abigail Lefebvre, Valérie Vie - Plus un : Carine Garnier
Une sténotypiste assiste Jacques Lacan, dans chacune de ses séances de séminaire, de 1953 jusqu’à 1980. A l’issue de chaque séance, elle tape à la machine les bandes sténotypes, et ce en double ou triple exemplaires, selon le procédé fameux durant un siècle du papier carbone.
La sténotypie "officielle" du SÉMINAIRE XI sur le site ELP : http://ecole-lacanienne.net/bibliolacan/stenotypies-version-j-l-et-non-j-l/.